Comme te voilà grande, Camille ! et belle comme le jour.
Quand as-tu quitté Paris, Perdican ?
Mercredi, je crois, ou mardi. Comme te voilà métamorphosée en femme ! Je suis donc un homme, moi ? Il me semble que c’est hier que je t’ai vue pas plus haute que cela.
Vous devez être fatigués ; la route est longue, et il fait chaud.
Oh ! mon Dieu, non. Regardez donc, mon père, comme Camille est jolie !
Allons, Camille, embrasse ton cousin.
Excusez-moi.
Un compliment vaut un baiser ; embrasse-la, Perdican.
Si ma cousine recule quand je lui tends la main, je vous dirai à mon tour : Excusez-moi ; l’amour peut voler un baiser, mais non pas l’amitié.
L’amitié ni l’amour ne doivent recevoir que ce qu’ils peuvent rendre.
Voilà un commencement de mauvais augure, hé ?
Trop de pudeur est sans doute un défaut ; mais le mariage lève bien des scrupules.
Je suis choqué, — blessé. — Cette réponse m’a déplu. — Excusez-moi ! Avez-vous vu qu’elle a fait mine de se signer ? — Venez ici, que je vous parle. — Cela m’est pénible au dernier point. Ce moment, qui devait m’être si doux, est complètement gâté. — Je suis vexé, piqué. — Diable ! voilà qui est fort mauvais.
Dites-leur quelques mots ; les voilà qui se tournent le dos.
Eh bien ! mes enfants, à quoi pensez-vous donc ? Que fais-tu là, Camille, devant cette tapisserie ?