Page:Musset - Poésies, édition Nelson.djvu/75

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C’est de bonheur, Bella, que je meurs! c’est ma vie
Qui dans cet océan se perd comme un ruisseau.
Pour toi, ces eaux, ces bois, tout est muet, ma chère!
Viens, ma bouche et mon cœur t’en diront le mystère.
Rappelons-nous Hamlet, et sois mon Horatio. »

 
                             IV
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Au bord d’une prairie, où la fraîche rosée
Incline au vent du soir la bruyère arrosée,
Le château de Smolen, vénérable manoir,
Découpe son portail sous un ciel triste et noir.
C’est au pied de ces murs que Tiburce s’arrête.
Il écoute. — A travers les humides vitraux,
Il voit passer une ombre et luire des flambeaux :
« A cette heure ! dit-il. Est-ce encore une fête? »
Puis, avec un murmure, il ajoute plus bas :
« ir aurait -elle trompé ? & Dans ce moment, un pas
Au penchant du coteau semble se faire entendre...
Il est sans armes, seul. — Viendrait-on le surprendre?

Il hésite — il approche à pas silencieux.
Caché sous le portail que couvre une ombre épaisse,
Tour à tour près du mur il se penche et se baisse...
Quel spectacle imprévu vient de frapper ses yeux!