Aller au contenu

Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1887.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’esturgeon monstrueux soulève de son dos
Le manteau bleu des mers, et regarde en silence
Passer l’astre des nuits sur leur miroir immense.
La sorcière, accroupie et murmurant tout bas
Des paroles de sang, lave pour les sabbats
La jeune fille nue ; Hécate aux trois visages
Froisse sa robe blanche aux joncs des marécages ;
Ecoutez. — L’heure sonne ! et par elle est compté
Chaque pas que le temps fait vers l’éternité.
Va dormir dans la mer, cendre ; et que ta mémoire
S’enfonce avec ta vie au cœur de cette eau noire ;
(Il jette le cadavre dans la mer.)
Vous, nuages, crevez ! essuyez ce chemin !
Que le pied, sans glisser, puisse y passer demain.

Scène IX

Chez la Camargo. — La Camargo est à son clavecin, en
silence ; on entend frapper à petits coups.
Camargo
Entrez. (L’abbé entre. Il lui présente son poignard.)
(La Camargo le considère quelque temps, puis se lève.)
A-t-il souffert beaucoup ?
L’Abbé
Bon ! c’est l’affaire