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- Le diable était bien vieux lorsqu’il se fit ermite.
- Je le serai si bien, quand ce jour-là viendra,
- Que ce sera le jour où l’on m’enterrera.
- Vous me demanderez si j’aime la nature.
- Oui ; — j’aime fort aussi les arts et la peinture.
- Le corps de la Vénus me paraît merveilleux.
- La plus superbe femme est-elle préférable ?
- Elle parle, il est vrai, mais l’autre est admirable,
- Et je suis quelquefois pour les silencieux.
- Mais je hais les pleurards, les rêveurs à nacelles,
- Les amants de la nuit, des lacs, des cascatelles,
- Cette engeance sans nom, qui ne peut faire un pas
- Sans s’inonder de vers, de pleurs et d’agendas.
- La nature, sans doute, est comme on veut la prendre.
- Il se peut, après tout, qu’ils sachent la comprendre ;
- Mais eux, certainement, je ne les comprends pas.
- Vous me demanderez si j’aime la richesse.
- Oui ; — j’aime aussi parfois la médiocrité.
- Et surtout, et toujours, j’aime mieux ma maîtresse ;
- La fortune, pour moi, n’est que la liberté.
- Elle a cela de beau, de remuer le monde,
- Que, dès qu’on la possède, il faut qu’on en réponde,
- Et que, seule, elle met à l’air la volonté.
- Mais je hais les pieds-plats, je hais la convoitise.
- J’aime mieux un joueur, qui prend le grand chemin ;
- Je hais le vent doré qui gonfle la sottise,
- Et, dans quelque cent ans, j’ai bien peur qu’on ne dise
- Que notre siècle d’or fut un siècle d’airain.
- Vous me demanderez si j’aime quelque chose.
- Je m’en vais vous répondre à peu près comme Hamlet :
- Doutez, Ophélia, de tout ce qui vous plaît,
- De la clarté des cieux, du parfum de la rose ;