Page:Myrand - Frontenac et ses amis, 1902.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
APPENDICE

l’incendie. Rappelons-nous qu’un seul cercueil suffit à la translation « des ossements réunis d’un certain nombre d’anciens religieux et des quelques cendres des anciens gouverneurs du pays, » à la cathédrale de Notre-Dame de Québec. Ce cercueil, à plusieurs locataires, fut déposé sous la chapelle de Notre-Dame-de-Pitié, près de la muraille, côté de l’Évangile, où il demeura jusqu’en 1828. Cette année-là, tous les cadavres inhumés dans cette chapelle furent relevés, les ossements placés dans une boîte et transportés sous le sanctuaire de la chapelle Sainte-Anne, près de la muraille, côté de l’Évangile, où ils reposèrent jusqu’en 1877, année où des travaux d’excavation considérables nécessitèrent un troisième déménagement de ces malheureux crânes et tibias qui commencèrent à penser que le repos éternel n’était qu’une farce. Or, le mystérieux coffret d’argent, ou de plomb, ne fut pas plus retrouvé, en 1877, par M. l’abbé Georges Côté, qu’il ne fut promené, en 1828, par le bedeau-fossoyeur Raphaël Martin, ou vu, en 1796, par le petit Philippe Aubert de Gaspé, pour cette unique mais décisive raison qu’il était en France, à Paris, à Saint-Nicolas-des-Champs, dans la chapelle des Messieurs de Montmort, depuis décembre 1698 ![1]

Ici devrait s’arrêter ma démonstration, comme on dit en géométrie, car elle est concluante prima facie. Par malheur, le Dictionnaire Généalogique n’est pas le seul ouvrage qui ait ébruité ce commérage. Deux autres livres du même auteur, À travers les registres et le Répertoire général du Clergé canadien, le reproduisent, avec de nouvelles affirmations à l’appui. Que valent-elles comme preuves ? Nous allons précisément le constater.

  1. Analysant, à son tour, cette vénéneuse anecdote, M. Ernest Gagnon, à la page 268 de son étude archéologique, Le Fort et le Château Saint-Louis conclut ainsi : « Nous croyons volontiers au renvoi de la boîte en question ; mais la tradition nous trouve plus défiant à l’égard des paroles attribuées à la comtesse de Frontenac. »
    Que l’aimable auteur des Chansons populaires du Canada se défie également du petit coffret. C’est une boîte de Pandore : elle ne renferme que l’espérance de salir la mémoire d’une honnête femme.