Williams Phips devant Québec, je consacrai tout un chapitre de mon livre — le treizième — à prouver que le portrait de Frontenac, publié par Wilson & Cie, éditeurs de l’Histoire des Canadiens-français de M. Benjamin Sulte, était un faux portrait. Ce prétendu portrait historique de Frontenac n’était autre que celui de Jean-Henri Heidegger, célèbre protestant suisse, qui vivait à Zurich, au 17ième siècle, et mourut la même année que Frontenac, c’est-à-dire en 1698. J’indiquais même[1], et cela constituait le point essentiel de ma preuve, comme il établissait l’exactitude mon affirmation, l’ouvrage où se trouvait gravé ce portrait d’Heidegger utilisé par un industrieux commerçant d’estampes et vendu, bon prix, pour un Frontenac authentique, à un photographe collectionneur de Québec qui le plaça, triomphant, dans sa galerie historique. Rien de plus absolument prouvé, n’est-ce pas, que ce faux en gravure. Et cependant qu’est-il advenu ? Nous sommes à neuf ans de là — Sir William Phips devant Québec a été publié en 1893 — et nos bons amis, les éditeurs canadiens-français Cadieux & Derome, Beauchemin & Fils, de Montréal, continuent, comme si de rien n’était, à publier dans leurs dictionnaires illustrés, éditions canadiennes, de Larousse et Mgr Guérin, à l’usage de nos maisons d’éducation, la biographie de Frontenac accompagnée du portrait… d’Heidegger.
Bien différente, à l’égard de ce faux portrait, fut la conduite du grand écrivain américain Justin Winsor, auteur du célèbre ouvrage, Narrative and critical history of America. À la date du 24 août 1896, il était à cette époque bibliothécaire de l’université d’Harvard, il m’écrivait ce qui suit :
Immediately upon my hearing of the proofs of the false portrait of Frontenac now two years ago, I sent to Quebec and got a photograph of the statue of Frontenac[2] and having that