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APPENDICE

« Je vous envie votre fière et réconfortante devise : Teste Deo. C’est avec un étonnement toujours nouveau, une admiration toujours grandissante, que je songe à cette foi robuste en l’avenir qui vous a fait retarder jusqu’à la vieillesse la publication de votre œuvre magistrale. « De 1879 à 1888, m’écriviez-vous, j’ai publié mes six volumes sous les coups répétés de la maladie. » C’est-à-dire que vous avez commencé à éditer à soixante ans des travaux qui représentent, au bas chiffre, trente années d’un labeur gigantesque. Teste Deo ! comme la Providence vous a bien récompensé d’avoir cru fermement en elle !

« Vous avez la superstition du nombre 13. Il en est de pires ; celle de croire, par exemple, que la vie commence aux cheveux blancs. Vous vous autorisez de Bossuet pour m’en convaincre. Permettez-moi de rester incrédule et de croire plutôt qu’elle finit là. Conséquemment, je travaille vite au risque de travailler mal. Plus on vieillit, plus le temps presse. La voix qui nous criait au départ : Partenza ! crie maintenant : Pronti ! Et la vitesse du train qui nous emporte s’accélère progressivement, jusqu’à l’entrée en gare !

« Aussitôt fait, aussitôt publié ; et voilà qui vous explique les défauts, les erreurs, les inexpériences et les lacunes de mon livre. J’y ai cependant apporté six ans de travail et de recherches à étudier comme à recueillir les archives, particulières ou publiques, qui se rapportaient à cet événement célèbre, à le documenter enfin le plus solidement possible. Mais la bonne volonté ne supplée pas à tout.

« J’ai à vous remercier pour le puissant concours que m’ont apporté vos Introductions publiées en tête de vos Mémoires et Documents pour servir à l’histoire des Origines françaises des pays d’Outre-Mer. Aussi, pour les renseignements précieux que m’a fournis votre correspondance. Je me suis fait un devoir de reconnaître les bons services que vous m’avez rendus, en conseils ou en informations, partout où l’occasion s’en est présentée, spécialement au chapitre treizième du livre : Un faux portrait de Frontenac.

Agréez, monsieur, avec l’expression de mes hommages les plus respectueux, les vœux que je fais pour votre bonheur. Que Dieu vous conserve encore longtemps pour l’honneur des lettres françaises et la gloire de notre propre histoire. Ils sont assez