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APPENDICE

domaine de l’esprit où le maintenait inexorablement Madame de Maintenon. Madame de Frontenac recevait toutes les confidences de la nouvelle favorite ; et, pour avoir joui de cet insigne privilège de la part d’une personne aussi éminente, il fallait qu’elle se fût toujours montrée digne de le mériter.

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« Madame de Frontenac s’était liée de passion avec une femme non moins belle qu’elle, Mademoiselle d’Outrelaise, et toutes deux faisaient les délices de l’Arsenal. On l’appelait ainsi parce que le duc du Lude, qui donna galamment une hospitalité viagère à Madame de Frontenac, était grand maître de l’artillerie et logeait à l’Arsenal. Cette société comptait parmi ses ornements la spirituelle marquise de Sévigné, et aussi Madame Scarron, devenue plus tard Madame de Maintenon. Dans ses Mémoires, si précieux pour l’historien, Saint-Simon revient, à plusieurs années d’intervalle, à parler des deux charmantes amies :

« La comtesse de Fiesque, écrit-il en 1698, la comtesse de Fiesque, si intime de Mademoiselle, avait amené de Normandie avec elle Mademoiselle d’Outrelaise et la logeait chez elle. C’était une fille de beaucoup d’esprit, qui se fit beaucoup d’amis qui l’appelèrent La Divine, nom qu’elle communiqua depuis à Madame de Frontenac avec qui elle demeura à l’Arsenal. Elles furent inséparables pour la vie. Madame de Frontenac était une autre personne d’esprit et d’empire, et de toutes les bonnes compagnies de son temps. On ne les appelait que les Divines.

« À l’année 1699, le duc de Saint-Simon, racontant la mort du comte de Frontenac, revient encore sur les charmes de la comtesse :

« On eut, dit-il, nouvelles de la mort du comte de Frontenac, à Québec, où il était pour la seconde fois gouverneur-général depuis près de dix ans. Il avait gagné tellement la confiance des sauvages la première fois qu’il eut cet emploi, qu’on fut obligé de le prier d’y retourner. Il y fit toujours parfaitement bien et ce fut une perte. Le frère de Callières commandait sous lui et lui succéda, M. de Frontenac s’appelait Buade et il était fils d’une Phélippeaux, nièce et fille de deux secrétaires d’État ; il était frère de Madame de Saint-Luc dont le mari était chevalier