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CHAPITRE IV


Apologie de Madame de Frontenac. — Était-elle une femme galante ? — Petite dissertation grammaticale sur les mots galant et honnête : quel en était le sens au 17ième siècle. — Définition du mot galant par Vaugelas, corroboré par Sainte-Beuve ; — exemples tirés des œuvres de ce dernier. — Définition du mot honnête par Sarcey. — Synonymie des mots galant, poli, honnête.


Cette influence politique a paru louche à quelques esprits chagrins, historiens de pacotille, qui croient fermement, et le veulent faire croire aux autres, que la galanterie décente fut, à nulle exception près, la vie des grandes dames au dix-septième siècle. Aussi cherchent-ils « des dessous de cartes, » suivant le mot de Sévigné, et insinuent que l’influence politique de Madame de Frontenac était acquise au prix de faveurs inavouables et déshonorantes.[1] Ils se réclament d’une phrase ambiguë, tirée des Mémoires de Saint-Simon, pour en venir à cette aimable conclusion. Voici la phrase incriminante :

« Sa femme (celle de Frontenac) qui n’était rien, et dont le père s’appelait La-Grange-Trianon, avait été belle

  1. Pour un trop grand nombre d’écrivains canadiens-français le caractère de Madame de Frontenac est demeuré un problème insoluble. Sa vie leur paraît un roman, et la singularité des événements et des circonstances qu’elle a traversés a fini par composer dans leur esprit un préjugé tenace, absolument antipathique. Aussi, les moindres calomnies répandues contre cette grande dame sont-elles accueillies avec complaisance, et, avec elle, les diffamateurs ont beau jeu. Son nom, dans notre histoire du Canada, est l’un de ceux qui ont le plus besoin d’une réhabilitation sérieuse, car l’injustice de l’opinion n’a peut-être jamais été aussi complète et aussi criante envers lui. C’est la raison de cette apologie. Puisse-t-elle contraindre l’esprit public à casser un jugement qu’il semble déterminé à maintenir au mépris des principes de la plus élémentaire équité.