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FRONTENAC

ce fait à la noblesse de la Grande-Bretagne : « Le dernier prince de Condé et le duc d’Orléans actuel avaient chez eux un censeur ; et si quelqu’un de leur famille prononçait un mot qui sentît le Palais ou les écoles, il était condamné à l’amende. »

« Celui qui allait être législateur au nom de l’Académie, était tout juste un gentilhomme ordinaire du duc d’Orléans ; et, « il vécut, dit M. Nisard, quarante ans à la Cour, non pour s’y mêler d’intrigues politiques ou pour avancer sa fortune, mais pour y être plus au centre du bon langage. » Il s’appelait Claude Favre, baron de Péroges, sieur de Vaugelas.

« Cet homme qui professait une admiration si vraie pour la langue française était digne du choix que firent de lui l’Académie, Richelieu et Louis XIII qui lui assura une pension de deux mille livres pour mener bien la rédaction du premier dictionnaire. Mais ce qui l’établit maître et précepteur du grand siècle, ce furent surtout ses deux gros volumes des Remarques sur la langue française où il passe en revue — et au crible — les mots et locutions alors d’usage. Les Remarques devinrent le bréviaire grammatical de tous les honnêtes, gens. »[1]

M. de Vaugelas, maître et précepteur du grand siècle, est bien en mesure de nous donner l’exacte définition du mot galant. Qui oserait le récuser ?

Vaugelas donc, dans son livre des Remarques sur la langue française (II, 208) publié à Paris en 1647 — nous sommes bien au temps de Madame la comtesse de de Frontenac, n’est-ce pas ? — Vaugelas dit en toutes lettres :

« Galant, désigne un composé où il entre du je ne scay quoy, ou de la bonne grâce, de l’air de la Cour, de l’esprit, du jugement, de la civilité, de la courtoisie et de la gayeté, le tout sans contrainte, sans affectation et

  1. Cf : Du respect de la langue française au 17ième siècle, par Victor Delaporte, S. J., article publié dans les Études, livraison du 20 avril 1901, tome 87, pages 209 et 210.