CHAPITRE VII
Si la conduite de Madame de Frontenac fut à ce point irréprochable que les historiens les mieux informés comme les chroniqueurs les plus indiscrets la respectent absolument et ne l’incriminent en rien dans leurs écrits, comment expliquer l’existence de cette réputation détestable de femme étourdie, aventurière et romanesque, faite chez nous, au Canada, à la Divine Anne de la Grange ?
J’en rapporterai l’origine et la cause à deux événements, l’un politique, et l’autre domestique, qui eurent sur sa vie une influence capitale.
Disposons, tout d’abord, de l’événement politique. Il tient au rôle que Madame de Frontenac joua comme maréchale de camp de la Grande Mademoiselle.
J’ai dit qu’Anne de la Grange se fût plutôt passé de pain que d’encens. Sa conduite, dans la folle et sanglante équipée de la Fronde, en est une preuve manifeste.
Se distinguer par une action d’éclat qui la rangeât parmi les héroïnes de son époque, tel était le rêve de la duchesse de Montpensier… et celui de la comtesse de Frontenac. Le besoin de faire grand, la joie de voir du nouveau, et surtout l’orgueil d’être vues, au premier rang, bien en vedette, dans l’histoire politique du pays, tels étaient les trois éléments constitutifs de leur bonheur. Cette griserie des honneurs publics et des adulations mondaines les enivrait positivement.
La vanité de la comtesse de Frontenac se mesurait sur l’ambition de la duchesse de Montpensier qui ne vou-