Page:Myrand - Noëls anciens de la Nouvelle-France, 1899.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
NOËLS ANCIENS


LE GRAND PÈR’ NOÉ
Chanson bachique
LES BERGERS DE BETHLÉEM
xxxxSur l’air Il la passa toute
Sans en boire goutte.

C’est notre grand pèr’ Noé,
Patriarche digne,
Que l’bon Dieu z-a conservé
Pour planter la vigne.
Il s’est fait faire un bateau
Pour se préserver de l’eau,
Qui fut son, son, son,
Qui fut re, re, re,
Qui fut son, qui fut re,
Qui fut son refuge,
Pendant le déluge.

Quand la Mer Rouge apparut
À la troupe noire,
Des Israëlit’-z-ont cru
Qu’il fallait la boire
Mais Moïse fut plus fin
Il dit : « Ce n’est pas du vin ! »
Il la pas, pas, pas
Il la sa, sa, sa,
Il la pas, il la sa,
Il la passa toute
Sans en boire goutte.

C’est chez les vi-eux Romains
Que l’bon vin pétille ;
C’est par le jus du raisin
Que vainquit Camille.
L’vieux Pompée et Cicéron
Luttaient à coups de flacon
Pour la ré, ré, ré,
Pour la pu, pu, pu,
Pour la ré, pour la pu,
Pour la république,
C’te vieille barrique !!

Prends ton verre et moi le mien,
Ami,-z-il faut boire.
C’est dans un flacon de vin
Qu’on trouve la gloire.
À ta santé, Nicolas,
Tu boiras, mais tu crev’ras
Je bois du, du, du,
Je bois bras, bras, bras,
Je bois du, je bois bras,
Je bois du bras gauche,
C’est ça qui m’ réchauffe !

Allons, bergers, partons tous,
L’ange nous appelle,
Un Sauveur est né pour nous,
L’heureuse nouvelle !
Une étable est le séjour
Qu’a choisi ce Dieu d’amour.
Courons au, z-au, z-au,
Courons plus, plus, plus,
Courons au, courons plus,
Courons au plus vite
À ce pauvre gîte.

De nos plus charmants concerts
Que tout retentisse !
Le ciel à nos maux divers
Est enfin propice.
Accordons, en ce grand jour,
Le fifre avec le tambour,
Timbale et, l’et, l’et,
Timba, trom, trom, trom,
Timbale et, timba trom,
Timbale et trompette,
Pour Lui faire fête.

Satan, au fond des enfers,
Brûlant dans les flammes,
Voudrait, dans les mêmes fers,
Enchaîner nos âmes.
Ne craignons plus ses combats,
Tout son pouvoir est à bas.
Malgré sa, sa, sa,
Malgré fu, fu, fu,
Malgré sa, malgré fu,
Malgré sa furie,
Dieu nous rend la vie.

Quels présents faut-il porter
À ce Roi des Anges ?
Robin, pour l’emmailloter
Offrira des langes ;
Gros Guillot un agnelet ;
Moi je porte avec du lait
Le plus beau, beau, beau
Le plus fro, fro, fro,
Le plus beau, le plus fro,
Le plus beau fromage.
De notre village.

La chanson du Grand Pèr’ Noé eut encore l’honneur de fournir sa musique à de malins couplets que les poètes satiriques de la Révolution Française composèrent aux dépens du célèbre docteur Guillotin, préconiseur et parrain de la fameuse guillotine, le rasoir national de