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NOËLS ANCIENS

assister à la Messe du Saint-Esprit, la Messe Rouge du prétoire.[1] Et c’est tout, absolument tout ce qui s’y passe en fait de cérémonies religieuses.

Parce que d’ordinaire les fantômes sont de silencieux personnages, faut-il en conclure qu’ils soient sourds ? Nullement. Un spectre qui parle sans bruit de paroles ne doit-il pas entendre, à de phénoménales distances, à de prodigieux lointains, toutes les harmonies de la terre ? Qui sait ? l’âme attristée, errante, du vieux Du Caurroy, en quête de la mélodie perdue de son noël, si lestement travestie en païenne sérénade, revient peut être ici, dans nos temples, cathédrales de grandes villes, églises paroissiales, chapelles de mission, heureuse d’écouter un écho, affaibli sans doute par le temps et la distance, mais fidèle encore, fidèle toujours d’une voix aimée, connue, chérie, préférée à toute autre : la voix de son génie artistique.

Je possède trois versions musicales[2] du noël de Du Caurroy. Sur le conseil d’un ami, très bon juge en la matière, je publie, comme étant la meilleure, la version du recueil Daulé :

  1. À propos de Dame Justice, je me rappelle un fait singulier qui se rattache directement à l’étude que je poursuis et que je crois fort intéressant à relater ici. On s’étonnera à bon droit d’apprendre qu’à Bayeux les noëls se chantaient non seulement à l’église mais encore à l’audience.

    Dans un ouvrage ayant pour titre : Contes populaires, préjugés, patois, proverbes et noms de lieux de l’arrondissement de Bayeux, recueillis et publiés par Frédéric Pluquet, Rouen, 1834, je lis ce qui suit :

    « À l’audience du bailliage de Bayeux qui précédait les fêtes de Noël, l’avocat qui avait plaidé le dernier devait entonner le cantique de ce jour ; et alors juges, conseillers, avocats et plaideurs chantaient Noël à gorge déployée. J’ignore entièrement l’époque et l’origine de ce singulier usage, qui était particulier au bailliage de Bayeux et ne cessa que quelques années avant la Révolution. »

  2. Celles de Pellegrin, de Garnier et de Daulé.