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NOËLS ANCIENS

province du Languedoc, si j’avais une preuve certaine qu’Esprit Fléchier, le célèbre évêque de Nîmes, fut l’auteur du noël écrit sur sa musique. Sans doute l’abbé Migne, dans sa grande Encyclopédie Théologique attribue à Fléchier la paternité du cantique en question. Fâcheusement, il ne se trouve pas dans les Œuvres complètes de Fléchier, par Fabre de Narbonne, que j’ai consultées à la bibliothèque de l’université Laval. Toutefois, le vieil anxiome de droit : testis unus, testis mullus, n’a qu’une valeur relative en archéologie. La prodigieuse érudition de l’abbé Migne fait autorité et devrait convaincre les plus incrédules. D’ailleurs, Fabre de Narbonne, en n’insérant pas au volume des poésies françaises de Fléchier le cantique de noël dont je fais ici la critique, ne contredit point l’abbé Migne. Car je suis en mesure de prouver que cette édition prétendue complète des œuvres de ce remarquable écrivain est défectueuse, fautive sous ce rapport. Mes lecteurs le pourront eux-mêmes constater s’ils réfèrent avec moi au Magasin Pittoresque de 1854. Au cours d’un article fort intéressant sur La Vie des Eaux, par M. Félix Mornand, ils y liront que Fléchier, dans sa jeunesse, vint prendre les eaux à Vichy, « qu’il chanta même dans des vers burlesques d’enthousiasme où ne se pressent guère le futur orateur sacré. » Or, ce dithyrambe sur les eaux minérales de Vichy ne se trouve pas dans les œuvres complètes de Fléchier telles que publiées par Fabre de Narbonne. Il l’aura sans doute regardé comme indigne des honneurs d’une réimpression dans une édition définitive. Ces vers, en effet, auraient plutôt nui qu’ajouté à la réputation littéraire de ce magnifique écrivain. Pour la même raison sans doute il aura supprimé notre bien-aimé cantique de Noël, lequel, il le faut reconnaître, est une poésie assez pâle et de valeur négligeable[1]. Fléchier dut le com-

  1. Ainsi l’abbé Migne, dans son Encyclopédie Théologique, s’est permis de corriger une faute très choquante d’euphonie qui se trouve au premier couplet, tel que publié par Garnier :
    Non les palais des rois
    N’ont rien de comparable, etc.