Regardez cette belle et élégante jeune fille qui passe sur votre chemin. Vous l’admirez, et vous faites bien, certes. Mais qu’un flâneur, rencontré au hasard de la promenade, vous souffle à l’oreille que la fascinante étrangère, l’éblouissante inconnue qui vous a captivé au premier regard est fille de roi. Du coup votre admiration devient enthousiasme, extase, que sais-je, moi, de vos nerfs ou de votre cerveau ? Ainsi du cantique de Fléchier, le Benjamin de cette grande famille que nous sommes convenus d’appeler Noëls anciens de la Nouvelle-France. Laissez-moi croire, avec cette belle confiance, cette ravissante, sérénité d’âme particulière aux petits et aux grands enfants, que cette poésie centenaire est fille de roi, fille d’un prince de l’Église et de l’éloquence sacrée.
Et, toujours au propos d’un rêve à poursuivre, et d’un
bonheur fragile à porter, souffrez que je vous raconte
l’histoire d’un désenchantement cruel ; d’une déception
navrante. Elle se rattache, comme vous le soupçonnez
bien, aux origines d’un noël canadien-français dont
j’étais très fier, car, sur l’autorité de gens apparemment
bien informés, j’en attribuais la musique au maître
des maîtres, à Wolfgang-Amédée Mozart en personne.
Chanter un cantique sur de la musique de Mozart n’est
point banal, et l’événement en mérite considération. Il
s’agit du noël populaire :
Un Sauveur enfant nous est né !
C’est dans une étable
Qu’Il nous est donné.
Dans cette nuit, le Christ est né,
C’est pour nous qu’il s’est Incarné ;
Venez, pasteurs,
Offrir vos cœurs :