Page:Myrand - Noëls anciens de la Nouvelle-France, 1899.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

II.

Je lis encore dans le Journal des Jésuites, à la date du 25 décembre 1646 :

« On sonna la veille de Noël à onze heures ; on dit l’air Mortels, et ensuite les litanies du Nom de Jésus. On tira un coup de canon à minuit et aussitôt on commença le Te Deum et puis la messe… On tira cinq coups à l’élévation de la messe de minuit. » etc.

Cuvier, à la seule inspection d’un os, reconstituait des monstres énormes, le mastodonte, le mégathérium antédiluviens. Il pensait que la structure d’un être disparu se révèle clairement dans une de ses dents, et cette dent lui a suffi pour ressusciter des troupeaux d’animaux gigantesques. Voilà donc ce qu’au savant pouvait dire un os, seul débri conservé en dépit des siècles.

Or, quelque chose dure autant que les os, plus même, on le peut affirmer sûrement : ce sont les mots. Sans posséder le prodigieux talent du grand naturaliste, je crois cependant avoir retrouvé, avec un mot, les cinq couplets du noël chanté à Québec, à la messe de minuit, le 25 décembre 1646, célébrée, comme la précédente, dans la maison de la Compagnie des Cent Associés.

J’ai dit qu’un mot, un petit mot de deux syllabes — Mortels — me l’avait fait retrouver dans un incunable canadien, le Nouveau recueil de Cantiques à l’usage du Diocèse de Québec[1]. Bien que ce livre ne soit pas signé, l’auteur en est parfaitement connu.

  1. À Québec. — Imprimé à la Nouvelle Imprimerie — Hall des Francs-Maçons — 1819. Je ne crois pas faire erreur en attribuant à feu l’honorable Pierre-Joseph-Olivier Chauveau la proposition — unanimement acceptée par les bibliophiles — de considérer comme incunables canadiens tous les ouvrages imprimés au Canada avant 1820.