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Page:Myrand - Noëls anciens de la Nouvelle-France, 1899.djvu/60

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NOËLS ANCIENS

et incurable manie, particulière aux brocanteurs et aux marchands d’antiquités, de vieillir au besoin l’article qu’ils fabriquent. Une raison de vraisemblance m’a seule fait agir. Sans doute, M. de La Colombière peut avoir composé ce cantique bien avant 1694. Mais rappelons-nous aussi que jusqu’à l’année de son élection[1] comme supérieur des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Québec, l’existence vécue par M. de La Colombière avait été fort mouvementée. Ce n’était point une sinécure que la position de curé-missionnaire au Canada. Compliquez encore les devoirs de cette charge accablante de questions politiques à suivre ou d’intérêts religieux à défendre, nécessitant la traversée, alors redoutable, de l’Atlantique, et vous avouerez que M. de La Colombière, pendant les douze premières années (1682-1694) de son séjour en la Nouvelle-France n’eut guère le temps de sacrifier aux Muses. La vie régulière du cloître qu’il dirigea vingt-trois ans (1694-1717) en qualité de supérieur, sans dimi-

  1. En 1694, il devint le supérieur des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Québec, accomplissant de la sorte une prophétie remarquable de madame D’Aillebout.
    « Une de ses prédictions, écrit la Mère Juchereau, dont toute notre communauté a vu l’accomplissement, c’est qu’en l’année 1682, Monsieur Joseph de La Colombière étant arrivé à Québec, avec plusieurs prêtres qui venaient pour Montréal, et nous étant venus voir tous ensemble, nous les menâmes chez madame D’Aillebout comme chez une personne que nous estimions beaucoup. Elle les entretint des choses spirituelles selon sa coutume, et demeura fort édifiée de leur conversation. En les reconduisant, elle dit à une religieuse avec qui elle avait une étroite liaison, parlant de Monsieur de La Colombière : « Cet ecclésiastique gouvernera un jour cette maison et il fut envoyé de Dieu pour cela. »
    « Il n’y avait alors aucune apparence, car Monsieur de La Colombière sortait du Séminaire de Saint-Sulpice de Paris et allait demeurer à Montréal, où, en effet, il a resté longtemps avant qu’il nous ait été donné pour supérieur et pour confesseur.
    « Mais nous l’avons eu plusieurs fois en ces deux qualités et son affection pour notre maison prouve la vérité de la prophétie. »
    Juchereau : Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, pages 273 et 274. — édition de 1751.