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CHAPITRE ix


Nobles adieux de l’empereur Alexandre au duc de Richelieu. — Sentiments patriotiques du duc. — Ridicules de monsieur de Vaublanc. — Arrivée de mon père à Paris. — Procès du maréchal Ney. — Son exécution. — Exaltation du parti royaliste. — Procès de monsieur de La Valette. — Madame la duchesse d’Angoulême s’engage à demander sa grâce. — On l’en détourne. — Démarches faites par le duc de Raguse. — Il fait entrer madame de La Valette dans le palais. — Sa disgrâce. — Fureur du parti royaliste à l’évasion de monsieur de La Valette.

Monsieur de Talleyrand s’est quelquefois vanté de s’être retiré pour ne pas signer le cruel traité imposé à la France. Le fait est qu’il a succombé sous les malveillances accumulées que j’ai déjà signalées.

Monsieur de Richelieu était porté aux affaires par l’empereur Alexandre, et, quelque dures qu’aient été les conditions qu’on nous a fait subir, elles l’auraient été beaucoup plus avec tout autre ministre. Aussitôt la nomination de monsieur de Richelieu, l’autocrate s’était déclaré hautement le champion de la France. Aussi, lorsque à son départ il distribua des présents aux divers diplomates, il envoya à monsieur de Richelieu une vieille carte de France, servant à la conférence et sur laquelle étaient tracées les nombreuses prétentions territoriales élevées par les Alliés et que leurs représentants comptaient bien exiger. Il y joignit un billet de sa main portant que la confiance inspirée par monsieur de Richelieu avait seule évité ces énormes sacrifices à sa patrie. Ce