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Depuis l’époque de la renaissance des lettres jusques au milieu du XVIIIe siècle, non seulement la connaissance en quelque sorte exclusive de l’antiquité classique était restée la base de l’érudition ; mais encore elle apparaissait au plus grand nombre comme la condition d’une haute culture de l’intelligence. Il restait à la pensée Européenne un seul point de contact et pour ainsi parler une seule voie de communication avec le mystérieux Orient d’où lui était venue la lumière : c’était la Bible, dépôt des vérités et des promesses de la Révélation, c’était encore l’étude de l’hébreu et des langues de l’Asie Occidentale, étude progressive et féconde qui était appelée par la science chrétienne à rendre hommage à la véracité des Livres saints ainsi qu’à leur interprétation authentique et traditionnelle. Le voile qui dérobait encore la plus grande partie du continent Asiatique aux regards de l’Europe savante ne devait être levé qu’au moment où la lutte des dogmes religieux et des opinions philosophiques eut provoqué dans son sein un mouvement extraordinaire qui entraîna les penseurs dans des recherches plus étendues sur la vie des anciens peuples et sur l’histoire des pays les plus reculés.

Dans le but d’apprécier le degré de civilisation de tous les peuples anciens et modernes, on se mit à comparer non seulement leurs croyances, leurs lois, leurs usages, mais encore les formes littéraires dont ils avaient revêtu leur pensée ; c’est alors que leurs langues diverses furent successivement recueillies, bientôt livrées à une analyse, systématique et classées d’après les données générales de l’ethnographie : interrogées comme les plus sûrs témoins des relations primitives des peuples qui les parlaient, elles sont devenues les meilleurs interprètes de leur civilisation.