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fense de la religion de Mohammed par le Coran, qui est resté son chef-d’œuvre et son modèle perpétuel ; elle a été cultivée avec zèle aussi bien à Cordoue que dans Bagdad et a servi à tous les besoins de la science dans les contrées les plus éloignées où les conquérans Arabes établirent leur domination. Elle ne consiste pas seulement en productions poétiques et oratoires, mais encore en travaux sérieux de théologie et de jurisprudence Musulmanes, de philosophie et de dialectique, d’histoire et de géographie, de grammaire et de critique : en un mot, elle peut être appelée la littérature savante de l’Orient infidèle. Trois siècles après Mohammed, la Perse qui avait été subjuguée par les armes des Khalifes subit complètement l’influence de la religion du Prophète et, dans sa langue harmonieuse qui se mêla et s’enrichit de plus en plus de formes arabes, elle donna le jour à une littérature nouvelle, dans laquelle a été produite jusque dans les derniers temps une masse innombrable d’ouvrages : c’est surtout dans les genres les plus variés de la poésie que le génie Persan s’est joué avec une grâce exquise et une fécondité infinie. La littérature Persane à son tour a concouru avec la littérature Arabe à la formation d’une troisième littérature Musulmane, celle des Turks ou Osmanlis, qui cultivèrent les lettres et les sciences après l’époque de leurs invasions dans toute l’Asie occidentale ; de même que leur langue de souche Tartare a adopté un nombre considérable de mots arabes et persans, leur littérature est née en grande partie de la traduction ou de l’imitation des œuvres qui étaient le patrimoine de ses deux sœurs aînées. Un seul groupe des nations Turques a conservé son dialecte original encore pur en acceptant les dogmes et la civilisation de l’Islamisme : c’est celui des peuples Ouïgours et Tchakatéens dont la langue,