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chefs de l’Église, ne durent leur existence le plus souvent qu’à des vocations rares et individuelles : la science des apologistes, ou Chrétiens ou Juifs convertis[1], pouvait être grande, comme leur zèle qui nous étonne ; mais l’exemple et l’enseignement de quelques hommes ne pouvaient propager efficacement le goût de ces études dont la portée n’était guère bien conçue en dehors des centres scientifiques.

Une autre période, la seconde, s’ouvrit pour les études Orientales au commencement du XVIe siècle à la faveur du réveil de l’esprit littéraire et des moyens nouveaux qui lui assuraient un aliment : ce fut d’une part l’application de l’imprimerie à la reproduction des textes, et l’on comprend qu’il ne s’est agi longtemps que de textes Hébreux, et d’autre part, ce fut la place importante accordée d’abord à l’Hébreu, puis aux langues de la même famille, dans l’enseignement des universités. La culture de l’Hébreu comme langue savante fut dès lors mise en concurrence avec celle des lettres Grecques et Latines, sources et objets de l’érudition dite classique ; elle s’étendit de l’Italie et de l’Espagne à la France et à l’Angleterre, aux Pays-Bas et à l’Allemagne ; elle fut reconnue comme une des branches essentielles des hautes études par la fondation du Collège des Trois-Langues à Louvain, du Collège royal à Paris, et d’établissemens semblables à Oxford, à Alcala, ainsi que dans les principaux foyers d’instruction[2]. C’était le temps où la grammaire hébraïque,

  1. Il suffit de rappeler ici avec le nom de S. Raimond de Pennafort, contemporain de Raymond Lulle, les noms de deux illustres néophyte, Raymond Martini, dominicain Espagnol du XIIIe siècle et Nicolas de Lyra, franciscain Normand du XIVe.
  2. La renommée du Collegium trilingue ouvert en 1518 s’étendit bientôt et fit sentir dans plusieurs pays la nécessité de la même institution ; guidé par les conseils d’Érasme et de Budé, François I fonda le Collège de France par lettres patentes du 25 mars 1529 ; c’est vers la même époque que les universités d’Oxford et d’Alcala furent dotées par leurs illustres