Page:Nève - Introduction à l’histoire générale des littératures orientales.djvu/81

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n’est pas venu, où les peuples de l’Europe peuvent porter si loin leurs vues ; comme le merveilleux est trop voisin de l’incroyable, c’est à peine s’ils doivent croire à la riche et brillante culture de la haute Asie, telle qu’elle est décrite dans les premiers récits. L’insouciance des peuples à l’égard de promesses qu’ils traitent encore d’illusions s’explique d’ailleurs par leurs préoccupations du présent. Un profond découragement a fait place au premier enthousiasme des guerres saintes et l’affaiblissement des états Chrétiens est résulté du morcellement de leur territoire et des querelles de leurs princes.

Au XIVe siècle, alors que les forces divisées de l’Occident ne suffisent plus pour renouveler la Croisade, reste la voie de la prédication, et les Pontifes ne désespèrent point encore de l’ardeur scientifique des Chrétiens : la création de chaires spéciales pour l’Hébreu, l’Arabe et le Chaldéen est décrétée en 1311 par le concile général de Vienne[1], et dès lors elle est étendue des écoles de Rome et de l’université de Paris aux grandes Universités de la Chrétienté, Bologne, Oxford, Salamanque. Son but religieux inspire d’abord pour ce genre d’étude un grand élan, qui n’est comprimé dans le cours du même siècle que par l’issue malheureuse des événemens extérieurs ; les rapports des peuples deviennent plus rares et les tentatives de conversion presque impossibles par suite de l’infériorité politique des Chrétiens devant les Infidèles ; l’étude des langues envisagées comme moyens d’attaque et de défense semble avoir perdu toute son utilité et toute sa force, quand, au milieu du XVe siècle, on voit s’avancer sur le sol de l’Europe, et jusque sur les rives du Danube, les Osmanlis, conquérans de l’empire Byzantin sous Mohammed II. Il faut clore ici la première période des études Orientales qui, à l’exception des encouragemens donnés par les

  1. C’est le pape Clément V qui a ainsi renouvelé solennellement l’ordre donné par plusieurs de ses prédécesseurs.