vaux et en raison des ressources dont chacune d’elles peut
disposer. L’Allemagne à laquelle le mobile de l’émulation
littéraire n’a d’ailleurs jamais manqué n’a point possédé jusqu’à
présent une semblable association ; elle a compté depuis
longtemps des noms illustres dans les diverses branches
de la science Orientale ; mais pour la première fois, elle
vient de rallier ceux de ses enfants qui se vouent à l’étude
de l’Asie dans le congrès annuel de ses philologues, en y
conviant avec eux les Orientalistes des autres pays de l’Europe.
Le congrès de Dresde, qui est à peine terminé, a compris
cette fois une section d’Orientalistes dont les conférences
ont eu pour but la propagation et l’encouragement des différentes
études qui concernent l’Asie ; c’est là une première
tentative d’unir ceux qui, quoique séparés par de grandes
distances, sont occupés de la réalisation de semblables desseins
et doivent joindre leurs forces en vue d’un plus rapide
accomplissement. Il est digne de remarque que le nom même
qui a cours aujourd’hui pour désigner collectivement cette
classe d’hommes dans la république des lettres est d’un usage
tout moderne : Orientaliste est un mot nouveau, dont la formation
et l’emploi sont dûs à la création d’une science nouvelle
qui, quelque restreinte qu’elle soit ou qu’elle paraisse,
exige des études longues et spéciales pour donner des fruits
abondans. On pourrait avec non moins de justesse comprendre
sous le nom d’Orientalisme l’ensemble des travaux de toute
nature entrepris avec une heureuse persévérance pour parvenir
à une connaissance complète et vraie du monde Oriental,
tel qu’il apparaît dans le cours entier de l’histoire. Ces
mots sont au nombre de ceux qui naissent dans les langues,
quand la chose qu’ils expriment est née elle-même dans
l’intelligence des peuples, quand tous les esprits ont conscience
de la réalité d’un nouvel ordre d’idées et de faits.
Vous venez de voir, Messieurs, dans quelles circonstances et par quels moyens le cercle des études Orientales s’est