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NOTES ET IMPRESSIONS

visage taillé de ravines profondes, c’est bien joli, et la pauvre madame, qui de là-haut voit tout cela, doit être contente, n’est-ce pas ?

L’ancienne met dans ces mots une telle foi que je me prends à l’envier pour sa croyance naïve et sincère.

Les dernières prières dites, la famille se rend à By pour prendre un rapide déjeuner en attendant l’heure du train qui ramènera le corps de la grande artiste à Paris.

Comme il n’y a toujours pas de voiture, je regagne la gare de Thomery à pied, en suivant le chemin de la forêt, et c’est le père Guignard, un bonhomme de soixante-douze ans, l’emballeur de tableaux de Rosa Bonheur, qui me sert de guide.

Les bois sont merveilleux, les fraisiers tachent l’herbe de gouttelettes de sang, les clochettes bleues, les pensées sauvages et les muguets croissent enchevêtrant leurs touffes fleuries. Nous cheminons par un sentier tapissé de gazon, et le vieux avec sa figure boucanée où le vent et le soleil incrustèrent leurs morsures, son tricot