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NOTES ET IMPRESSIONS

En attendant la surveillante de l’asile, je passe la revue de ce troupeau tremblant.

Il y en a de jeunes, déjà fanées, qui conservent un reste de coquetterie ; elles lissent leurs cheveux dans un coin, se mirent dans une petite glace appendue au mur ; d’autres, fourbues, vieilles, courbent l’échine et demeurent indifférentes, en malheureuses qui en ont bien vu, en leur « chienne de vie », comme elles disent.

Mais voici qu’on m’introduit dans le cabinet de la charmante femme qui reçoit et hospitalise tout ce bataillon famélique.

Là, que de détails navrants j’entends, tristes et terribles documents humains !

— La Société philanthropique, me dit la surveillante, possède trois asiles pour femmes : l’un, rue Labat ; l’autre, rue de Crimée, en pleine petite Villette, et celui de la rue Saint-Jacques, où l’on peut donner la couchée à deux cents femmes et enfants.

— Avec ce grand froid, que de malheureuses vous devez être forcée de refuser, madame !