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NOTES ET IMPRESSIONS

Mais les voitures ont abandonné la route nationale, elles ont tourné dans le chemin qui conduit à l’église, dont le bourdon égrène lentement sa sonnerie funèbre par les fenêtres du clocher.

Je pénètre dans le sanctuaire, une pauvre petite chapelle de village, froide, aux murs trop blancs, aux croisées de verre ordinaire, laissant filtrer un jour cru.

Douze cierges entourent le catafalque, que décorent de modestes bouquets : des violettes, une gerbe de lilas mauve et deux couronnes de fleurs artificielles, dons d’amis s’étant refusés à respecter le vœu de la morte.

Au fond du chœur, derrière l’autel, une croix se détache sur une tenture noire, et c’est toute la décoration mortuaire.

L’office commence : une messe basse, sans chants, sans musique ; la lente psalmodie du prêtre trouble seule le silence religieux. Nous sommes exactement soixante-trois personnes, parmi lesquelles on remarque Mlle Reichenberg, l’ex-petite doyenne, la filleule de Madeleine Brohan et son élève, Mlle Dudlay, Mmes Baretta