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D’UNE PARISIENNE

La voiture qui contient les bois de justice est déjà là. Les aides en blouse bleue, très tranquilles, travaillent.

Méthodiquement, pièce à pièce, la machine odieuse se monte.

Voici d’abord les traverses : elles forment une large croix, que l’on assujettit, avec mille précautions, à l’aide du niveau d’eau, calant ici, calant là, avec de minces planchettes.

Les écrous sont serrés, à la lumière d’une lanterne dont la flamme voltige falote.

Autrefois le gibet expiateur se dressait au grand soleil, comme un suprême exemple ; aujourd’hui il s’aplatit au ras du sol, telle une machine honteuse.

Les conversations, en dépit de cette cérémonie qui poigne, s’engagent entre les gens accourus, les uns à la recherche d’une sensation, les autres pour enregistrer les menus détails dont le public se montre friand.

Et l’on entend des lambeaux de phrases dans ce goût :

— Vous n’êtes pas bien ?