Page:Néron - Notes et impressions d'une parisienne, 1914.pdf/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
NOTES ET IMPRESSIONS

— Ah ! non !

— Venez donc ici, la place est excellente, vous verrez couler le sang.

Le bruit sec des bois que l’on assujettit redouble.

Le condamné entend-il ?

Telle est l’angoissante question qui se presse sur les lèvres des spectateurs.

Des habitués de ces assassinats légaux déclarent que le malheureux Carara ne peut rien percevoir des rumeurs du dehors.

Les grands poteaux dont les rainures de cuivre étincellent dans la pénombre se dressent l’un après l’autre.

Le couperet triangulaire est sorti, et les yeux instinctivement le cherchent. On est comme fasciné par cette lame d’acier qui jette ses reflets métalliques dans la nuit qui blanchit.

Ces préparatifs méthodiques des instruments de la mort sont sans grandeur.

On serre les vis, on vérifie la poulie, et les aides examinent le lourd couteau.

Rien de grandiose.