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JOURNAL DE VOYAGE (cANADa) 995

leurs bébés. J'ai songé au livre américain The Firginian dans lequel on voit un cow-boy, après un bal, qui devait ressembler à celui-ci, s'amuser à " mélanger " les bébés. Le camp des hommes et celui des femmes étaient nette- ment distincts. Pas l'ombre de conversation entre les danses. Comme musique le " rag time " américain et les airs rabâchés par tous les phonographes. Très rude et très Far West.

Hier, j'étais à l'hôtel, assise sur le palier, en train d'écrire des lettres, quand un Anglais, auquel je n'avais jamais parlé,

A

s'arrête devant moi et me dit à brûle-pourpoint : " Etes- vous la dame française qui a été facteur en Suisse, dans les Alpes?" Le plus drôle, c'est qu'il disait vrai. A Lauenen dans rOberland bernois, un hiver, pour rendre service à la buraliste postale, j'ai fait pendant quelques semaines, en skis, le service du facteur malade. Mais comment le savait-il ? Je découvre qu'il connaît mon existence et tous les détails de ma vie dans les Alpes, étant en relations avec mes amis du Collège d'agriculture de Reading. C'est par hasard que Mr. H. m'a identifiée, quand il a su qu'une jeune Française, s'occupant d'agriculture, était à Alberni. De suite, il a pensé que ce ne pouvait être que celle dont il avait entendu parler.

Mr. Hodgson est ingénieur de la province de Colombie britannique à Alberni. Sa femme et ses enfants sont momentanément à Victoria. C'est là que j'ai le plaisir de faire leur connaisance, peu de jours après avoir été abordée d'une façon si inattendue par le chef de la famille. Je me suis décidée en eflfet à quitter Alberni, où rien ne me retient plus : ni la construction de la laiterie^ ni mon amie anglaise, partie de la veille, ni les saumons. Le jour même

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