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CHRONIQUE DE CAERDAL IOI5

XI

l'ennui de civita vecchia

Je vois Stendhal dans Tennui sinistre de Civita Vecchia. Il ne peut même plus laisser ce trou à rats, pour se promener à Rome, comme on ferait de Corbeil à Paris. Car il ne passe plus inconnu entre le Vatican et la place du Peuple. A Civita Vecchia, il est le consul de France en disgrâce, l'athée, le républicain dont M. de Metternich n'a pas voulu à Trieste, et qu'on n'a peut-être pas été fâché d'éloigner de Paris : enfin le jacobin au bagne.

Il n'a pas, comme M. Ingres, l'étoffe d'un bour- geois sublime. Il ne vivra jamais à l'aise dans l'habit de la considération ; le drap inusable d'une classe qui possède, et qui s'estime de posséder, lui tient moins chaud qu'il ne l'étouffé ; il crève là dedans ; il en a une maladie de peau. Il ne peut pas représenter au naturel le plus faquin des rois. Il ne représente que lui-même, ou à la rigueur, Bonaparte et tous les crimes de la Révolution.

L'horizon de Civita Vecchia est à vomir la vie, pour un homme qui ne peut toujours vivre dans sa cellule. Les moines mêmes n'ont pas choisi ce lieu morne, pour y fonder un couvent. C'est une des seules villes, en Italie, où il ny ait rien eu, et où il n'y a rien. La laideur même y est plate. En 1 840, Civita Vecchia était le bagne des États Pon-

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