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NOTES 147

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��JEAN BAROIS, par Roger Martin du Gard (Edition de la Nouvelle Revue française, 3 fr. 50),

" Comment voulez-vous qu'un volume comme celui-ci, long de cinq-cents pages, trouve place dans notre vie de Paris ? Où prendrais-je le temps de le lire ? " disait au sujet de Jean Barois Tun de nos plus intelligents, l'un de nos moins superficiels cri- tiques. Ce n'est en effet pas un livre qu'on épuise comme on avale une huître, d'une haleine et sans interrompre la conver- sation ; on n'en atteint pas le bout durant un trajet en métro. Mais si " notre vie de Paris " ne sait que faire de Jean Barois^ il peut lui, en retour, fort bien se passer d'elle. Il ne fait pas appel à cette fièvre factice qui nous permet de trouver de l'agrément à tant de pauvres écrits sur lesquels elle nous em- pêche de nous appesantir. Les lâches et les agités reculeront devant la grosseur du volume ; mais ceux qui l'auront ouvert ne le quitteront qu'à la dernière page.

C'est l'histoire d'une vie, ou plutôt c'est l'histoire d'une pensée — non pas analyse d'une pensée philosophique, mais drame d'une pensée toute mêlée aux événements. C'est encore, mais presque involontairement — je veux dire : sans que l'in- tention paraisse — l'histoire du mouvement des idées en France pendant vingt ans. Mais en regard du pathétique et de la par- ticularité de ce récit qu'aucune arrière-pensée théorique ne rient gauchir, toutes ces formules sont pauvres et sèches. C'est de la vie d'abord, de la vie individuelle, localisée ; c'est d'abord un drame de conscience, puis un drame de famille, et si l'action déborde le cadre où elle était d'abord enfermée, c'est par l'effet de sa force même et de son abondance.

Le récit commence dans la chambre d'un enfant malade — et je dis le récit, à défaut d'un mot plus exact, car ce livre qui suit une ligne si rigoureuse, n'est qu'un enchaînement de

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