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Page:NRF 11.djvu/179

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��NOTES 173

pleurer et me souvenir... C'est alors que je connus le pâle démon de nos jours ; que j'écoutai les confessions du Gentil- homme malade et de la reine de Thulé... C'était un monde fermé où l'ombre débordait la lumière... un monde habité par des jeunes gens pâles et sans illusions... un monde où les actes étaient rares et les pensers tourbillonnants, et où l'on ne distin- guait pas les limites de l'imaginaire et du vraisemblable, de la vie et de la mort. "

Ces lignes sont extraites du dernier livre de M. Papini : Un homme fini. C'est, nous dit-il, le plus important et le plus intense de toute son œuvre, le résumé véhément de dix années. Ce sont — le mot est dangereux — des "confessions". Il est permis de parler de soi et de soi seul en plusieurs cen- taines de pages de vers ; mais il est plus difficile de se faire pardonner cette outrecuidance en prose. Il faut pourtant accep- ter cet égotisme intransigeant et même agressif, car le moi qui remplit le livre est large et vibrant. Il faut accepter la pose, l'attitude, la " littérature " en un mot, (car il y en a, malgré la répugnance de l'auteur pour le mot et pour la chose), et la grandiloquence aussi, et la pointe d'emphase lyrique ; car l'en- semble du livre est une sorte de poème étrange, violent, âpre, ,; et plein d'un tourment généreux.

Il n'y a pas d'amour dans ce livre. " Les femmes ne m'ont pas corrompu ; mais elles ne m'ont pas purifié... L'histoire intime de mon âme n'a été ni enrichie ni appauvrie par leur présence. " Mais il y a tout un roman de la pensée, le plus poignant.

Cet enfant pâle, pensif et morose que l'on a surnommé le " vieux " a ignoré " les chaudes et blondes journées d'ivresse puérile. " Il les a connues plus tard " par les livres. " Les livre» lui ont donné ses plus belles joies et des rêves merveilleux : "Je me souviens avec nostalgie d'une sorte de Mille et Une Nuits de la Nature, un gros livre à la reliure verte effilochée... Là les poulpes géants aux yeux ronds et cruels affleuraient à la mer

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