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248 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Vous avez raison, Monsieur l*abbé. Agir, disiez- vous. Vite : qu'avez-vous résolu ?

— Ah ! je savais trouver chez vous cette noble impa- tience virile, digne du sang des Baraglioul. Mais rien n'est plus à craindre, en l'occurrence, hélas ! qu'un zèle intem- pestif. De CCS abominables forfaits, si quelques élus aujour- d'hui sont avertis, il nous est indispensable, Madame, de compter sur leur discrétion parfaite, sur leur pleine et entière soumission à l'indication qui leur sera donnée, en temps opportun. Agir sans nous, c'est agir contre nous. Et, en plus de la désapprobation ecclésiastique qui pourra entraîner... qu'à cela ne tienne : l'excommunication, toute initiative individuelle se heurtera aux démentis caté- goriques et formels de notre parti. Il s'agit ici. Madame, d'une croisade ; oui, mais d'une croisade cachée. Excusez- moi d'insister sur ce point, mais je suis chargé tout spécia- lement de vous en avertir par le cardinal, qui veut tout ignorer de cette histoire et qui ne comprendra même pas ce dont il est question si on lui en parle. Le cardinal ne veut pas m'avoir vu ; et de même, plus tard, si les événements nous remettent en rapport, qu'il soit bien convenu que, vous et moi, nous ne nous sommes jamais parlé. Notre Saint Père saura bientôt reconnaître ses vrais serviteurs.

Un peu déçue la comtesse argua timidement :

— Mais alors ?

— On agit. Madame la Comtesse ; on agit, n'aycs crainte. Et je suis même autorisé à vous révéler une parti de notre plan de campagne.

Il se carra dans son fauteuil bien en face de la com- tesse ; celle-ci, maintenant, avait levé ses mains à soi^^

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