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LES CAVES DU VATICAN 249

visage, et restait, le buste en avant, les coudes aux genoux, le menton dans les paumes.

Il commença de raconter que le pape n'était pas enfer- mé dans le Vatican, mais vraisemblablement dans le Château Saint-Ange, qui, comme le savait certainement la comtesse, communiquait avec le Vatican par un corridor souterrain ; qu'il ne serait sans doute point trop malaisé de l'enlever de cette geôle, n'était la crainte quasi super- stitieuse que chacun des serviteurs gardait en face de la franc-maçonnerie, bien que de cœur avec l'Eglise. Et c'était là-dessus que comptait la Loge ; l'exemple du Saint Père séquestré maintenait les âmes dans la terreur. Aucun des serviteurs ne consentait à prêter son concours qu'après qu'on l'avait mis à même de s'en aller au loin vivre à l'abri des persécuteurs. D'importantes sommes avaient été consenties à cet usage par des personnes dévotes et de discrétion reconnue. Il ne restait plus à lever qu'un seul obstacle, mais qui réclamait plus que tous les autres réunis. Car cet obstacle était un prince, geôlier en chef de Léon XIII.

— Vous souvient-il. Madame la comtesse, de quel mystère reste enveloppée la double mort de l'archiduc Rodolphe, prince héritier d'Autriche-Hongrie, et de sa jeune épouse, trouvée râlante à ses côtés — Maria Wett- syera, la nièce de la princesse Grazioli, qu'il venait d'épouser... ? Suicide, a-t-on dit ! Le pistolet n'était là que pour donner le change à l'opinion publique : la vérité c'est qu'ils étaient tous deux empoisonnés. Eperdûment amoureux, hélas ! de Maria Wettsyera, un cousin du grand-duc, son mari, grand-duc lui-même, n'avait point

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