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Page:NRF 11.djvu/29

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LES CAVES DU VATICAN 23

La petite ne répond rien. Se rend-elle compte déjà qu*ii de certaines impertinences le plus sage est de ne rien répondre ? Au reste, qu'est-ce k dire ? après cette question saugrenue, ce n*est pas Julie, c'est le franc- maçon qui rougit, — trouble léger, compagnon inavoué de l'indécence, confusion passagère que l'oncle cachera en déposant sur le firont candide de sa nièce un respec- tueux baiser réparateur.

— Pourquoi faites-vous le méchant, l'oncle Anthime P La petite ne se méprend pas : au fond ce savant impie

est sensible.

Alors pourquoi cette résistance obstinée ? A ce moment Adèle ouvre la porte :

— Madame réclame Mademoiselle.

Apparemment Marguerite de Baraglioul redoute l'in- fluence de son beau-frère et se soucie peu de laisser long- temps sa fille avec lui. C'est ce qu'il osera lui dire, k demi-voix, un peu plus tard, tandis que la famille se rend à table. Mais Marguerite lèvera sur Anthime un œil encore légèrement enflammé :

— Peur de vous ? Mais, cher ami, Julie aurait con- verti douze de vos pareils avant que vos moqueries aient pu remporter le plus petit succès sur son âme. Non, non, nous sommes plus solides que cela, nous autres. Tout de même, songez que c'est une enfant. . . Elle sait tout ce qu'on peut attendre de blasphème d'une époque aussi corrompue et dans un pays aussi honteusement gouverné que le nôtre. Mais il est triste que les premiers motifs de scandale lui soient offerts par vous, son oncle, que nous voudrions lui apprendre à respecter.

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