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Page:NRF 11.djvu/351

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NOTES 345

Larcher, et font naître la petite Joliette dans Timpasse de la Cour d'Argent. La figure et l'âme des êtres humains s'accordent bien, dans leurs nouvelles, avec l'atmosphère des lieux qu'ils habitent. Mangeailles de bourgeois, beuveries d'ouvriers, ten- dresses et querelles de famille, grossièreté des parents riches, résignation animale des pauvres, inconscience de l'égoïsme et du dévouement ; tout cela, par des traits précis, se trouve situé dans un coin de province, sans qu'un abus de couleur locale ou de patois efface la vérité générale des caractères, des conditions et des mœurs.

J'aime à voir que les auteurs avouent leur culte pour Flau- bert. C'est à sa Correspondance qu'ils empruntent leurs épi- graphes : " Si tu étais ici, devant chaque maison je pourrais te raconter un chapitre de ma jeunesse... On ne gagne rien à faire des concessions, à s'émonder, à se dolcifier, à vouloir plaire en un mot... Je ne crois pas que le romancier doive exprimer son opinion sur les choses de ce monde. Il peut la communiquer, mais je n'aime pas à ce qu'il la dise... " Pour- tant ni la composition des récits ni le tour des phrases ne rappellent de façon directe Flaubert et Maupassant ; on devine qu'à ces influences se sont jointes sans disparate celles de Huys- mans et de Jules Renard ; et par là le réalisme, plus familier et plus nerveux, se relève de quelque humour. Je goûte moins les pages de caricature et de satire un peu facile, telles que Juste Auber et V Affaire Guillonneau, où les êtres sont pris par le dehors et vidés trop complaisamment de toute vie intérieure. Revanche de jeunes gens qu'irrite un médiocre entourage; mais Flaubert est là pour leur dire : " Quant à de la sympathie, on n'en a jamais assez. "

M. A.

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