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Page:NRF 11.djvu/413

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PAUL DÉROULÈDE 4O7

je ne les relis pas pour mon plaisir et, si j'avais besoin d'être convaincu, ce n'est peut-être pas à eux que j'irais demander de me convaincre. Mais s'adressent-ils à moi ? Sûrement non. Et point à vous. Pourtant je vous défie bien, dans la foule, si tant est que vos " principes " ne vous ferment pas le cœur à toute émotion d'ordre " patriotique " de résister à certains accents du Clairon. Vous me direz que ceux qui vibrent au Clairon^ vibreraient aussi bien à la Marseillaise, D'accord et je ne prétends rien de plus. Mais prenez garde que vous accordez là, à la poésie de Déroulède, le seul éloge qu'elle mérite, le seul, au reste, que je veuille lui décerner, et le plus haut, certainement, qu'elle ait jamais souhaité pour elle. Son art, c'est de frapper le but.

Un art qui n'est pas conçu pour le livre, pour l'oisiveté de l'esprit, pour le plaisir de l'analyse et de la méditation, voilà une chose à peine conce- vable ! Ce fut pourtant l'art des trouvères ; et que de corrections durent déjà subir, en passant de bouche en bouche, puis de copie en copie, ces lais et ces chansons des premiers âges, qui nous par- viennent encore si grossiers 1 Ces rudiments de l'art sont déjà en chemin vers l'art, et c'est un art que de se faire entendre, d'intéresser et d'émou- voir, fût-ce par les plus pauvres des moyens. La poésie populaire n'en comporte pas d'autres. Elle est, par nécessité, par essence, simple, unie et

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