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428 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Amfortas. Cher précepteur de mes vingt ans, on en veut à ta barbe blanche. D'ailleurs, l'un de ces messieurs du dîner revenait de Londres. Il se vanta d'un plaisir complet : il avait, dans le Music Hall du Coliseum, assisté à une représentation modèle de Parsifal. Tout y était joli, frais, charmant. Des tableaux cinématographiques s'étaient déroulés, pendant vingt minutes, tandis qu'un orchestre réduit comme instruments à cordes, mais avec combien plus de cuivres en revanche, donnait les meilleures pages de l'ouvrage.

Je suis encore malade de ce dîner. Il m'aide à mesurer le temps, qui me parut si court, si long hélas ! qui nous sépare du premier Parsifal de notre adolescence. Nous n'avions pas applaudi avec moins d'entêtement à ses longueurs, que maintenant aux brèves scènes du Sacre, et l'on nous annonce, du même Stravinski, un opéra en trois actes de dix minutes chacun, coupé à la taille de notre actuelle patience. Ceci est inquiétant.

Nietzsche, qu'il faut toujours citer à propos de Wagner, s'en donna à cœur joie, où plutôt délira, dans ses folles amours contrariées, quand, à la fin de sa vie, tourna en haine l'amour dont il avait brûlé pour le " Sorcier " de Wahnfried. — Nietzsche protestait contre ce qu'il y a de purement allemand dans Wagner, le premier peut-être des musiciens allemands qui travailla délibérément pour des allemands. Le slave Nietzsche, l'admirateur exclusif de Mozart, nous savons cela de lui, car il nous le dit et nous le répète à satiété, ses plus violents coups de boutoir, c'est pour Wagner qu'il les trouve.

" L'adhésion à Wagner se paye cher. "

" La musique devenue Circé. "

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