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AUTOUR DE PARSIFAL 429

Mais il écrit : " Sa dernière œuvre est en cela son plus grand chef-d'œuvre. Le Parsifal conservera éternellement son rang dans l'Art de la Séduction, comme le coup de génie de la séduction. J'admire cette œuvre, j'aimerais l'avoir faite moi-même ; faute de l'avoir faite, je la com- prends... Wagner n'a jamais mieux été inspiré qu'à la fin de sa vie. Le raffinement dans l'alliage de la beauté et de la mélodie atteint ici une telle perfection, qu'il projette en quelque sorte une ombre sur l'art antérieur de Wagner... "

Qu'on veuille bien m'excuser de me citer moi-même, comme un jeune français qui, il y a trente ans, en même temps que Nietzsche, lui, à la fin de sa vie, reçut le nouveau message. " Wagner était un Pape : il exerçait alors sur les hommes de toute culture, de toute civilisa- tion, un empire tyrannique, sans précédent, qui tenait de la magie. Le château de Klingsor ? Mais c'était le symbole de la forteresse enchantée où nous enlaçaient de fleurs capiteuses les bras des Blumenmâdchen ; et moins forts de notre candeur que l'Innocent, nous n'avions pas encore repoussé les étreintes de l'Eternelle Kundry. — Nous allions connaître les Rose-Croix et leurs touchants enfan- tillages. Nous étions en plein Naturalisme, nous les bacheliers d'hier ; les arts n'offraient guère, à côté d'un académisme falot, qu'une copie lourde de la Nature, les sujets vulgaires étaient de mode, nous avions à choisir entre les pesantes soupes de r Assommoir et le symbolisme trop ésotérique de Stéphane Mallarmé. "

Parsifal venait après la Tétralogie, dont il était le complément. Selon les règles du Drame antique, Nietz- sche eût voulu que cet épilogue de V Anneau du Niebelung en fût la critique.

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