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Page:NRF 11.djvu/484

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47^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

barbares de Chicago... Pas assez voluptueux pour mon goût, ces loups : Je suis de nature féline. Passons.

" Le curé de Covigliajo, si débonnaire, ne se montrait pas d'humeur à dépraver beaucoup Tenfant avec lequel il causait. Assurément il en avait la garde. Volontiers j'en aurais fait mon camarade ; non du curé, parbleu ! mais du petit... Quels beaux yeux il levait vers moi ! qui cherchaient aussi inquiètemcnt mon regard que mon regard cherchait le sien ; mais que je détournais aussitôt... Il n'avait pas cinq ans de moins que moi. Oui : quatorze à seize ans, pas plus... Qu'est-ce que j'étais à cet âge ? Un stripling plein de convoitise, que j'aimerais rencontrer aujourd'hui ; je crois que je me serais beaucoup plu... Faby, les premiers temps, était confus de se sentir épris de moi ; il a bien fait de s'en confesser à ma mère : après quoi son cœur s'est senti plus léger. Mais combien sa retenue m'agaçait !... Quand plus tard, dans l'Aurès, je lui ai confessé cela sous la tente, nous en avons bien ri ?... Volontiers, je le reverrais aujourd'hui ; c'est fâcheux qu'il soit mort. Passons.

" Le vrai, c'est que j'espérais déplaire au curé. Je cherchais ce que je pourrais lui dire de désagréable : je n'ai rien su trouver que de charmant... Que j'ai de mal à ne paraître pas séduisant. Je ne peux pourtant pas passer au brou de noix mon visage, comme me le conseillait Carola ; ou me mettre à manger de l'ail... Ah ! ne pensons plus à cette pauvre fille ! Les plus médiocres de mes plaisirs, c'est à elle que je les dois... Oh !!! d'où sort cet étrange vieillard ? "

Par la porte à coulisse du couloir, Amédée Fleurissoirc venait d'entrer.

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