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6o LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

quand trois mots de Tarticle précédent entrevus le firent sursauter. Quelques lignes au-dessus de :

Julius de Baraglioul [Fmte\ dans la biographie de Juste- Agénor^ Lafcadio lisait : " Consul à Bucharest en 1873 "• Qu'avaient ces simples mots à faire ainsi battre son cœur ? Lafcadio, à qui sa mère avait donné cinq oncles, n'avait jamais connu son père ; il acceptait de le tenir pour mort et s'était toujours abstenu de questionner à son sujet. Quant aux oncles (chacun de nationalité différente, et trois d'entre eux dans la diplomatie), il s'était assez vite avisé qu'ils n'avaient avec lui d'autre parenté que celle qu'il plaisait à la belle Wanda de leur prêter. Or Lafcadio venait de prendre dix-neuf ans. Il était né à Bucharest en 1874, précisément à la fin de la seconde année où le comte de Baraglioul y avait été retenu par ses fonctions. Mis en éveil par cette visite mystérieuse de Julius, comment n'aurait-il pas vu là plus qu'une fortuite coïncidence ? Il fit un grand effort pour lire l'article Juite-Agênor ; mais les lignes tourbillonnaient devant ses yeux ; tout au moins comprit-il que le comte de Baraglioul, père de Julius, était un homme considérable.

Une joie insolente éclata dans son cœur, y entonnant un tel tapage qu'il pensa qu'on allait l'entendre au dehors. Mais non ! ce vêtement de chair était décidément solide, imperméable. Il considéra sournoisement ses voisins, habitués de la salle de lecture, tous absorbés dans leur travail stupide... Il calculait: " né en 1821, le comte aurait 72 ans. Ma chi sa si vive ancora ?... " Il remit en place le dictionnaire et sortit.

L'azur se dégageait de quelques nuages légers que bousculait une brise assez vive. " Importa di domesticarc

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