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NOTES 723

��CENDRES, par Edouard Ducoté (Occident).

Les vers d'Edouard Ducoté ont toujours été ceux d'un sage. La forme en est toujours pure, simple et discrète, l'accent lyrique modéré, l'esprit, l'intention calmement didactiques. L'ode est moins son fait que l'épitre, l'élégie amoureuse, la fable. En ce sens, il descend directement de nos poètes clas- siques. Il n'a -guère participé en fait au mouvement symboliste. Il a trouvé dans le vers libre moderne une sorte d'abandon et certaine musique qui rajeunissent le vers libre ancien, et sans trop quitter celui-ci, il a su profiter des conquêtes de celui-là. Son dernier recueil est peut-être, à mon sens, le meilleur de tous. Cette attitude de noble résignation en face des biens et des maux de la vie que résument ses nouveaux vers, n'est pas neuve pour lui ; elle a pris simplement plus d'assiette, plus de poids, plus de maturité ; elle est plus légitime à l'été de l'âge qu'à son printemps ; elle est beaucoup plus émouvante ; elle sait mieux se ramasser. C'est dire qu'aux grands poèmes dialogues la Nouvelle Epouse et la Mort d^Héraclès, même au joli récit de Pescecola où M. Ducoté nous rappelle qu'il sait conter, je préfère les courtes pièces où il exprime directement la pré- coce sagesse de ses quarante ans. N'y cherchez pas d'images imprévues, de sensations singulières, de hardiesses ni de fureurs. Le dépouillement est total ; il ne faut pas plus de métaphores à Ducoté que n'en eut besoin Moréas ; il ne lui faut même pas cette tension oratoire qui donne aux Stances leur force dure. Une main qui se tend, une ceinture qui se dénoue, la simple retombée d'un geste humain... A défaut d'un poème qu'il faudrait citer en entier, voici une pure épigramme sur l'automne :

La tristesse de P automne N*a plus pour moi de douceur : Quand les bois se découronnent Je sais trop bien que j^ en meurs.

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