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NOTES 731

grandeur et de l'émotion. Souhaitons de voir Miguel Manara sur la scène du Vieux Colombier.

J.S.

��LES POÈTES DE MADAME SARAH-BERNHARDT.

Madame Sarah-Bernhardt est enfin décorée. Elle avait mérité d'obtenir plus tôt cette distinction. C'est, comme on dit, une très " grande artiste ". — Or " ses poètes " résolurent de la fêter : les poètes sont reconnaissants. L'apothéose eut lieu à l'Université des Annales. Là, on les vit défiler en bon ordre sur une scène préparée, puis se grouper " en un superbe ensemble " autour de leur "géniale interprète". On lut des vers, toutes sortes de vers, ni plus ni moins mauvais que vers de circonstance. M. Edmond Rostand, ayant composé une fois pour toutes, en une occasion précédente, le sonnet d'hommage définitif, s'avisa d'en distribuer les quatorze vers, voire les vingt-huit hémistiches, à une troupe d'interprètes chargés de symboliser les différentes " créations " qui firent la gloire de M°^^ Sarah ; il y joignit même un chœur, un chœur de voix simultanées, qui déclamaient le même vers à l'unisson. Au dernier vers, Hamkt s'inclinait vers la tragédienne et déposait le baiser de Shakespeare " aux bagues de ses doigts ". — C'eût été fort bien, sans Shakespeare. Shakespeare ne semble pas à sa place, ni à son aise entre MM. Rostand et Jean Aicard, entre MM. Auguste Dorchain et Miguel Zamacoïs ! Vraiment ces messieurs eurent tort de le prier à cette fête. Quand il parut, on sentit toute leur misère, toute la misère de la poésie qu'a servie Madame Sarah. — Certes, elle a droit à toute la reconnaissance de MM. Rostand, Aicard, Dorchain et Zamacoïs. Elle les a tirés de l'ombre. Elle a prêté son talent, son génie à leurs médiocres productions. Mais qu'a-t-elle fait pour Shakespeare ? Elle a joué Hamkt ; c'est tout ; et moins, je le crains bien, par dévotion shakespea

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