Page:NRF 11.djvu/790

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

784 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Vancouver, à laquelle doit assister S. A. R. le duc de Connaught. Les plus belles volailles de Mr. Higgs sont les Cornish Game, oiseaux de table, blancs, hauts sur pattes, très batailleurs. Il faut leur laver les pattes à Teau 'l et au savon, manicurer leurs ongles et les passer au bleu«j Derrière la maison est une terrasse sur laquelle noi relavons la vaisselle, préparons les légumes et faisons la lessive. Nous vivons dehors. Les Higgs aiment beaucoup les fleurs ; leur jardin est ravissant avec sa pergola couverte de rosiers grimpants et les pois de senteur si chers à tout cœur anglais.

" Cela ne paie pas, " disent les voisins utilitaires, en parlant du jardin. " Cela ne paie pas, " disent-ils aussi quand, le soir, les Higgs, le travail fini, partent pour de longues randonnées en voiture dans la campagne. Bientôt je connais tous les ranchs des environs et leurs habitants. Parmi eux sont plusieurs fils de famille ayant un conseil judiciaire. Lorsqu'ils reçoivent, deux fois Tan, la pension paternelle, ils vont se terrer dans une auberge du voisi- aiage. Quand tout l'argent est bu, ils retournent travailler.

J'aime beaucoup les jours de semaine à Sooke mais pas du tout le dimanche, lorsqu'après un sermon interminable du pasteur méthodiste, il faut retourner le soir à une réunion de prière. Au bout de quelques jours, je rentre à Victoria, les Higgs quittant leurs poules, qu'ils confient à des voisins, pour aller à Vancouver. Cette expérience m'a montré que je n'aime pas suffisamment les poulets pour leur consacrer ma vie. D'autre part, je me rends très bien compte que je n'ai nul désir de m'expatrier définitive- ment en achetant de la terre et en me fixant au Canada. Mon intention est d'y séjourner quelques années, si j'y

�� �