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786 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

à Mrs. Donahoo, ce qui est fait aussitôt. C'est une femme d'une quarantaine d'années, habillée a l'européenne, toute 1 petite, le type de sa race très accentué : une grosse tête, les pommettes saillantes, le nez épaté, le crâne pointu, ce ; qui chez les Indiens est l'idéal de la beauté féminine. Ce résultat est obtenu par un savant bandage de la tête des nouveau-nés. Miss Paine ayant fait la présentation, je suis invitée sur le champ. Le départ est fixé au lende- main. Mrs. Donahoo ne parle que quelques mots d'anglais; elle rit continuellement d'un rire grimaçant qui la fait ressembler à un vieux masque japonais.

Nous quittons Victoria le 20 juillet au soir pour Kyu- quot. C'est un voyage de quatre jours. Le " Tees ", sur lequel nous nous embarquons, m'a été dépeint par Mr. Carmichâel, comme étant très sale et inconfortable. Je m'aperçois vite que cette opinion n'est pas exagérée ;. mais je passerais par dessus tout, tant je me réjouis de cette expédition. Ce bateau d'environ quatre cents ton- neaux servait à l'origine pour le transport des bestiaux; il est indigne d'un autre usage. Maintenant il prend du cargo, et les quelques passagers, Indiens ou pionniers, sur la côte ouest de l'île.

Jamais je n'oublierai ce départ. Pour arriver à notre cabine il fallait enjamber des paquets de cordage, desi planches, des tas de charbon, contourner adroitement des vaches et des gens couchés un peu partout, plusieurs ayant bu. Miss Paine avait envie de s'en retourner quand nous avons rencontré Mr. Donahoo, le mari de la squavt^, qui lui a redonné courage.

Nous partageons. Miss Paine et moi, la même cabine. Elle s'ouvre sur la salle à manger, qui est transformée en

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