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JOURNAL DE VOYAGE (cANADa) 789

plan incliné ; des Chinois les dépècent. Tout ce qui n'est pas huile et fanons est brûlé pour faire de l'engrais. L'odeur qui s'échappe de ces fourneaux et cheminées est une chose épouvantable, dont on ne peut se faire idée. Elle pénètre dans la peau et dans les vêtements, et suffit à donner le mal de mer. C'est affreux de penser que des gens peuvent vivre dans un endroit pareil. On me dit qu'en peu de temps ils s'y habituent, et même engraissent rapidement. Au dessus des carcasses, tourne un vol de corbeaux. Des loups, attirés par les débris, hurlent dans la forêt. Nous les entendons du bateau. L'odeur de baleine brûlée que le vent nous apporte devient intolérable. Je vais supplier le capitaine de nous faire repartir. Il est au milieu d'une partie de cartes et ne veut rien entendre. Nous nous enfermons alors dans une cabine, Mr. et Mrs. Donahoo, Miss Paine, deux jeunes Américains, deux petites filles et moi. Nous fermons les hublots et fumons force cigarettes jusqu'au départ. Il paraît que les baleines diminuent beaucoup sur la côte. Quelques heures plus tard nous passons devant une autre station baleinière. C'est la nuit. Nous sommes réveillés par l'odeur.

Mercredi^ 24 juillet.

Au matin nous arrivons devant Kyuquot, village indien, but de notre voyage. Une barque menée par deux indi- gènes vient nous chercher à quelques milles en mer. Ici nous trouvons Mr. et Mrs. Ellis, le beau-frère et la sœur de Mrs. Donahoo, qui tiennent une petite boutique, à la fois mercerie, épicerie et quincaillerie.

A Kyuquot, il y a une véritable plage. C'est une rareté, car, depuis Victoria, la rive a été plus ou moins monta-

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