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LA JEUNESSE d'iBSEN 83

une profondeur de conception et une chaleur qui devaient éveiller fortement l'attention. Il avait un goût particulier pour la vieille histoire classique. — Le souvenir me revient du silence qui se fit dans la classe lorsqu'Ibsen lut son travail écrit, un rêve qu'il avait rédigé, et je me rappelle combien mon imagination d'enfant en fut saisie. Je n'ai, bien entendu, aucun moyen de reproduire exactement ou de contrôler ma mémoire dans les moindres détails, et l'on doit se rappeler que c'est un enfant qui a raconté cela, ou qui l'a rêvé ou vécu, comme on voudra. Les traits essentiels en étaient à peu près ceux-ci :

UN RÊVE

" Pendant une promenade " sur les hauts pla- teaux, " égarés et épuisés, nous fûmes surpris par l'obscurité de la nuit. Comme autrefois Jacob, nous nous couchâmes par terre, nos têtes sur des pierres. Mes camarades ne tardèrent pas à s'endormir, tandis que je n'y parvenais pas. Enfin la fatigue eut raison de moi ; alors, en rêve, un ange parut devant moi, et me dit : lève-toi, et suis-moi. Je demandai : Où veux-tu me conduire dans ces ténèbres ? Il répéta : Viens, je te ferai voir la vie humaine dans sa réalité et sa vérité. Et je le suivis — avec crainte, et l'on s'enfonça comme par des degrés immenses, si bien que les montagnes

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