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82 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

par la lecture de la Bible. Un élève de la même école, qui est resté plusieurs années sur le même banc que lui, a conservé de son camarade un souvenir plus vivant que leur maître :

" Malgré bien des changements et des différences, il y a aussi bien des ressemblances où il se retrouve, pareil à lui-même et reconnaissable, le gamin à l'esprit lucide, l'intelligence profonde, l'humeur un peu vive et irritable, l'âme fougueuse, la langue acérée, volontiers satirique, mais en même temps amical et bon camarade. — A l'école, Ibsen avait déjà une curieuse disposition pour le dessin et la peinture. Bien des gens pensaient que dans cette voie il devait pouvoir devenir un artiste remarquable. Il y a sans doute encore des possesseurs de quelques uns de ces tableaux où il peignait avec ses simples couleurs à l'eau les vues des environs de Skien, par exemple la forge de Fossum dans son cadre d'un romantisme pittoresque, que l'on apercevait de la maison où ses parents habitaient alors. Je me rappelle très bien comme ces dessins resplendis- saient à nos yeux d'enfants. Je possédais moi-même un petit tableau qu'Ibsen m'avait donné, un pâtre assis au sommet d'un rocher ; c'était superbe. — Ibsen était plus haut d'une tête que tous les gens. Il apprenait l'histoire avec ardeur. Dans sa façon de raconter des faits historiques, dans ses conver- sations sur les personnages historiques, il montrait

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