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Page:NRF 11.djvu/997

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I

��JOURNAL DE VOYAGE (cANADa) 99!

fait penser à l'installation d'un trappeur, ce qui la fâche toujours. Avec tout son esprit d'aventure, elle ne tuerait pas une mouche. Malheureusement elle n'a pas le pied marin et je n'ai jamais pu la décider à partir avec moi pour la pêche à la baleine. Ensuite j'ai voulu l'engager à traverser à pied l'île dans sa plus grande largeur ; on me dit qu'il existe une piste entre Nootka et Campbell river ; mais ma compagne ne peut se décider à quitter Port Alberni et sa petite tente. Moi aussi, je m'attache à cet endroit ; le paysage un peu monotone en été, malgré sa beauté, prend de la gaieté, et les arbustes qui poussent au bord du fjord devant les grands sapins ont toutes les teintes de Tor et du cuivre. L'amphithéâtre de verdure, qui sera la ville future, est dominé par une montagne à cime neigeuse.

28 octobre.

Hélas, voici la saison des pluies commencée, une pluie dont vous ne pouvez vous faire idée, des seaux d'eau qui tombent du ciel, jour et nuit. On ne songe même pas à compter sur une éclaircie. Dans cette ville, qui n'existe pas encore, les rues naturellement ne sont pas pavées ; ce ne sont pas des flaques, mais des mares qu'il faut traverser chaque fois que l'on sort.

On n'a pu encore commencer la laiterie, et, la triste chose, c'est que les saumons refusent de mordre. Ils remontent tous ces temps-ci dans la rivière Somass pour frayer. La plupart d'entre eux y périssent. Ceux qui ont la force de nager jusqu'à l'Océan reviennent à la vie, me dit-on. Ici il n'y a plus que des saumons malades ; la cuiller brillante ne les attire pas. Leurs cabrioles ne sont pas de joie ; ils cherchent à se débarrasser d'un parasite

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