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LA MARCHE TURQUE 179

apprend, (et Ton s'en doutait) qu'elle est albanaise ou persane. Tout est venu ici, comme à Venise, plus qu'à Venise, à coup de force, à coup d'argent. Rien n'est jailli du sol ; rien d'autochtone ne se retrouve au dessous de cette écume épaisse que fait le frottement et le heurt de tant de races, d'histoires, de croyances et de civilisations.

Le costume turc est ce qu'on peut imaginer de plus laid ; et la race, vraiment, le mérite.

O Corne d'or, Bosphore, rive de Scutari, cyprès d'Eyoub! au plus beau paysage du m.onde je ne saurais prêter mon cœur, que je n'y puisse aimer le peuple qui l'habite.

2 mai.

Joie de quitter Constantinople, qu'il appartient à d'autres de louer. Riante mer où les dauphins exultent. Aménité des rives de l'Asie ; grands arbres proches, où viennent s'ombrager les troupeaux.

Samedi, Brousse.

Jardin de la Mosquée de Mourad P*" où je me suis assis, non au bord de cette vasque ruisselante, centre de la terrasse en balcon, mais tout à gauche de la terrasse, sur la margelle de marbre d'une autre vasque plus petite qu'abrite un kiosque de bois peint. Une simple ouverture ronde, du cœur profond et frais du bassin, pousse un gonflement d'eau qui palpite, silencieuse éclosion de la source au dessus de laquelle longuement je reste penché. Au fond du bassin également, mais sur le côté, une autre bouche exacte boit. Dans ce plateau de marbre, où l'eau

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